OUI ou NON, le travail de conseiller budgétaire à l’Inspection générale des finances a-t-il un impact direct sur les décisions politiques ?
Noah Mersch, conseiller budgétaire à l'Inspection générale des finances (IGF), explique comment son travail impacte les décisions budgétaires du gouvernement.
OUI, les conseillers budgétaires de l'Inspection générale des finances (IGF) sont les gardiens de l'équilibre du budget de l'État luxembourgeois.
NON, ils ne sont pas strictement des experts en chiffres. Les conseillers budgétaires analysent, ajustent et préparent le budget de l'État en veillant à sa faisabilité tout en maîtrisant les dépenses publiques. Découvrons le métier en huit questions tranchées, en compagnie de Noah Mersch, conseiller budgétaire à l’Inspection générale des finances.

OUI OU NON, les conseillers budgétaires influencent-ils la teneur du budget du Luxembourg ?
« OUI, la préparation du budget de l'État est l’une de nos missions principales. Jusqu’à présent, le processus commençait à la fin mars, moment où l'on transmet aux ministères et aux administrations une circulaire du ministre des Finances les invitant à soumettre leurs propositions budgétaires. Nous analysons le tout et, au besoin, nous proposons des ajustements pour garantir une gestion saine des finances publiques. Des rencontres ont ensuite lieu, au cours desquelles les administrations défendent leurs propositions pendant un examen dit « contradictoire ».
Si ces discussions n’aboutissent pas à des propositions finales, les points restants sont soumis aux ministres comme questions à trancher en vue de l’élaboration du projet de Budget de l’État, déposé en octobre. Un autre aspect clé de notre rôle est de fournir des avis au Conseil de gouvernement sur des projets et propositions susceptibles d'entraîner des répercussions financières sur l'État. »
OUI OU NON, des études en économie, en mathématiques ou en finances sont-elles obligatoires pour travailler à l'IGF ?
« NON, tout dépend du poste et du département. Au sein du département "Études et statistiques", en effet, des études en statistiques, en mathématiques, en finances ou en économie sont vivement recommandées. Mais ce n'est pas nécessaire dans tous les cas, bien au contraire. Au sein des équipes "Budget", dont je fais partie, de tels parcours sont considérés comme un atout, mais les collaborateurs ayant étudié le droit, la gestion ou les sciences politiques apportent tout autant une contribution pertinente. En ce qui me concerne, j'ai étudié l'ingénierie économique à l'Université technique de Munich, combinant les sciences économiques avec les sciences de l'ingénieur. »

OUI OU NON, les conseillers budgétaires ont-ils la possibilité de se spécialiser dans différents domaines du budget ?
« OUI, c'est même au cœur de notre fonctionnement. Nous avons quatre équipes budgétaires qui s'occupent de différents départements ministériels et qui en deviennent expertes. Dans mon cas, je gère différents types de dossiers, ayant trait notamment à l’éducation, à l’agriculture, aux finances, etc.
Le fait d'être spécialisé offre la possibilité de développer un bon réseau de contacts au sein du ministère qui m'est assigné pour assurer un accès rapide et fiable aux informations. C'est un travail de longue haleine d'entretenir ces relations et de s’approprier des nombreux dossiers, mais cela permet de développer une solide expertise. Après quelques années, ces affectations peuvent évoluer, offrant ainsi une opportunité de découvrir d'autres domaines, d'élargir son portefeuille de connaissances tout en garantissant une posture impartiale et neutre. »
OUI OU NON, une connaissance pointue du fonctionnement de l'État est-elle nécessaire pour occuper votre poste ?

« OUI, c'est l'une des choses les plus cruciales ! Il est impératif de connaître les différentes administrations et institutions publiques, et de comprendre leur fonctionnement. C'est un grand défi, car c'est un écosystème tellement vaste. S’y ajoute le cadre légal, c'est-à-dire les lois, règlements et conventions, qu'il faut maîtriser pour bien traiter les dossiers. Prenons l’exemple du secteur de l’éducation et de l’aide à l’enfance au Luxembourg. Un énorme budget est consacré à ce secteur. Au départ, j’étais peu familier des spécificités de ce secteur et j'ai dû me familiariser avec les procédures, les acteurs clés, le contenu de tous les dossiers ministériels associés. Une connaissance sommaire n'est pas suffisante ; il faut creuser. »
OUI OU NON, une exigence de neutralité politique est-elle inhérente à la fonction ?
« OUI, c’est un principe fondamental dans notre travail. Nous devons fournir des analyses objectives et impartiales, sans être influencés par des considérations ou idéologies. Il est vraiment indispensable de traiter les dossiers sous l'angle de l'intérêt général, jamais en fonction de ses convictions personnelles. D'ailleurs, lors de mon entretien d'embauche, il y a eu une certaine insistance sur ce point.
Dans nos vies personnelles, certains d'entre nous peuvent avoir des convictions politiques ou même une carte de parti, mais, au travail, il est essentiel de se conformer en tout temps à l'exigence de neutralité et d’accomplir ses tâches suivant les lignes directrices émises par le ministre des Finances. »
OUI OU NON, l'accès à un emploi à l’IGF est-il réservé à des travailleurs expérimentés, en milieu de carrière ?
« NON, les profils sont très divers. Pour ma part, j'ai rejoint l'IGF juste après mes études ; il s'agit de mon tout premier poste. D'autres collègues, au contraire, ont intégré l'IGF plus tard dans leur carrière, souvent après des expériences pertinentes dans le secteur privé. Soulignons que beaucoup de jeunes collègues ont rejoint l'IGF cette année. Le mélange entre jeunes professionnels et travailleurs plus expérimentés crée une belle dynamique et rend notre environnement de travail très enrichissant. »

OUI OU NON, s'agit-il d'un travail stressant ?

« OUI, le travail à l'IGF est rythmé par les délais politiques, par le calendrier budgétaire, et la période d’avril à juillet peut parfois être très intense ! Le volume et la complexité des dossiers peuvent aussi être des facteurs de stress. Il en va de même du stress inhérent au niveau élevé de nos responsabilités. Cependant, tout cela est aussi source de motivation et de satisfaction professionnelle. Bien évidemment, à d'autres périodes du calendrier, le rythme reste soutenu mais plus régulier, plus classique. »
OUI OU NON, l'IGF met-elle en place des initiatives pour promouvoir le bien-être de ses employés ?
« OUI, plusieurs initiatives sont mises en place à l’IGF pour promouvoir le bien-être des employés. Par exemple, plusieurs agents bénéficient d’un service à temps partiel pour mieux équilibrer leur vie privée et leur vie professionnelle. De même, le Compte Épargne-Temps (CET), dispositif commun à l’ensemble de la Fonction publique, permet aux collaborateurs de mieux gérer leur temps.
À l’IGF, le télétravail est également possible, dans le cadre d’une charte adaptée aux besoins des équipes, et validée par le chef d’administration, offrant ainsi une flexibilité appréciable. Au niveau du recrutement, l’IGF a considérablement renforcé ses effectifs et prévoit de poursuivre sur cette voie dans les prochains mois afin de renforcer les équipes et d'optimiser la répartition des tâches, favorisant ainsi le bien-être de chacun. L’IGF organise également une quinzaine du bien-être au travail avec des ateliers thématiques permettant d’offrir à chacun des outils et conseils pour prendre soin de soi. Finalement, l’IGF met à disposition de ses collaborateurs plusieurs formations proposées par l’Institut national d’administration publique (INAP), qu’il s’agisse de perfectionnement professionnel ou de thématiques liées à la qualité de vie au travail (gestion du stress, organisation personnelle, etc.). »

Avez-vous dit toute la vérité ?
« OUI, j'ai dit toute la vérité... ou presque ! Le métier de conseiller budgétaire réserve toujours des surprises qu’on ne peut découvrir qu’en l’exerçant au quotidien. »

On le voit bien, le travail à l’Inspection générale des finances, souvent perçu comme strictement technique, révèle des dimensions humaines et stratégiques moins visibles à première vue. Loin d'être un simple gardien des chiffres, le conseiller budgétaire est au cœur des choix budgétaires du gouvernement, avec un impact direct sur les décisions gouvernementales. Envie d’occuper, vous aussi, un poste aussi influent ? C’est par ici.